
Les ratés de Das Auto par Christophe Hammerschmidt, correspondant à Munich
C’est une honte pour l’industrie automobile allemande qu’une société honorable comme Volkswagen ait recours à de tels moyens pour améliorer sa position par rapport à la concurrence. Il n’ y avait aucune autre solution pour M. Winterkorn que de démissionner. Il est à craindre que cette petite tricherie ait le potentiel d’endommager significativement et durablement l’image du groupe Volkswagen, la technologie diesel et l’industrie automobile allemande dans son ensemble.
Les dommages incluent évidemment Audi la soeur plus noble de Volkswagen, pour la simple raison que Audi utilise les mêmes moteurs. La même chose vaut pour les autres membres du groupe Volkswagen, Seat et Skoda. Pour autant que je sache, Audi a déjà admis avoir utilisé le même logiciel. Porsche se trouve dans une position différente. D’abord parce qu’ils n’ont rejoint le groupe VW qu’en 2009 alors que la technologie en question a été mise au point avant 2005. Porsche n’a jamais utilisé ces moteurs, et utilise peu la technologie diesel du fait de son ancrage comme fabricant de voitures de sport.
Cette supercherie a également nuit à la crédibilité de la technologie diesel de tous les fabricants. Alors qu’elle est bien établie en Europe comme un technologie de moteur très économique et durable, aux États-Unis la technologie diesel a toujours mené une bataille difficile. La raison de l’attitude distante des clients américains envers la technologie diesel n’était pas due aux rejets à l’échappement de ces voitures, mais le scandale actuel apporte de l’eau au moulin ses adversaires. Leur impression doit être que la technologie est difficile à gérer en termes de respect de l’environnement, et qu’il faut beaucoup d’efforts d’ingénierie pour obtenir des gaz d’échappement respectant les limites légales. Même si l’on peut encore croire qu’un moteur diesel bien dépollué est respectueux de l’environnement (c’est à dire pas pire que la version à essence), le simple fait que Volkswagen pense qu’ils avaient besoin d’un tel truc minable laisse entendre qu’il faut vraiment davantage d’efforts pour dompter un diesel qu’un moteur à essence.
Et il reste une autre question ouverte: Comment se peut-il qu’une société d’ingénierie solide comme Volkswagen soit incapable d’atteindre les limites de gaz d’échappement correctes si leurs concurrents en sont capables? Les ingénieurs de Daimler, BMW ou Opel sont-ils meilleurs? Cela est peu crédible en particulier parce que l’industrie automobile allemande est, en dépit de toute concurrence, une grande famille où chaque membre sait assez bien ce que fait l’autre. Donc, si les concurrents obtiennent des valeurs diesel correctes, est-ce parce que leurs ingénieurs et les moteurs sont tellement meilleurs que ceux de Volkswagen?
Ou – horrible pensée – ont-ils peut-être utilisé des moyens similaires? Dieter Zetsche PDG de Daimler a déjà dit qu’ils ne l’ont pas fait, et Zetsche me semble être un honnête homme. Mais Winterkorn semblait digne de confiance aussi, jusqu’à très récemment. Mais les acheteurs potentiels de voitures à travers le monde vont se poser la même question. Et c’est là que se trouve le vrai dommage: la confiance du client est perdue! C’est un dégât beaucoup plus important que toute sanction que Volkswagen pourrait être obligée de payer.
Après ce scénario catastrophe, Volkswagen et l’industrie automobile allemande doivent regarder vers l’avenir. La seule façon de gérer une telle situation est: nettoyer le plancher, prendre les mesures nécessaires pour empêcher à jamais une telle tricherie et continuer à construire de bonnes voitures.
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