
L’Europe prépare le Quantum Act pour l’informatique quantique
La Commission européenne prépare un Quantum Act pour stimuler le développement des technologies quantiques, mais pas de la même manière que l’EU CHIPS Act pour les semi-conducteurs.
La loi est préparée pour 2026 et fait suite à la publication de la stratégie quantique visant à faire de l’Europe un leader dans le domaine de la technologie d’ici 2030. Cette stratégie prévoit la création de six lignes pilotes et d’un centre de conception quantique.
Plus de 11 milliards d’euros de financement public (européen et national) ont déjà été engagés au cours des cinq dernières années, dont près de 2 milliards d’euros pour la seule Union européenne dans les technologies quantiques.
Le Quantum Flagship existe depuis 2018 et dispose d’un budget d’un milliard d’euros, mais il est reconnu que, bien qu’elle soit leader en matière de recherche, la région est à la traîne en matière de commercialisation.
Afin d’élargir l’accès aux installations d’essai, aux équipements spécialisés et aux possibilités d’expérimentation, les installations pilotes existantes du Quantum Flagship seront converties en un réseau centralisé de bancs d’essai quantiques en libre accès à l’échelle de l’Europe. Ils permettront de tester, de valider et d’évaluer les dispositifs quantiques, en particulier pour les startups et les PME, afin d’accélérer le passage du prototype au marché.
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L’engagement de faire de l’Europe « un » leader plutôt que « le » leader permet d’éviter un conflit direct avec les États-Unis, qui ont investi massivement dans les entreprises quantiques au cours des deux dernières années pour rattraper l’Europe et la Chine.
La stratégie quantique européenne vise à créer un écosystème quantique résilient et souverain qui alimente les startups et crée des opportunités commerciales. Cependant, la région, y compris le Royaume-Uni, a perdu des startups au profit d’entreprises américaines, comme le montre la récente acquisition d’Oxford Ionics par IonQ, avec des implications stratégiques.
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Toutefois, la Commission a reconnu la nécessité de disposer d’une capacité souveraine, avec un fort potentiel de double usage pour la défense et la sécurité. D’ici à 2040, le secteur devrait créer des milliers d’emplois hautement qualifiés dans l’UE et dépasser une valeur globale de 155 milliards d’euros.
« Nous devons maintenant nous assurer que nous coordonnons les investissements de manière encore plus efficace afin de rester à la pointe des technologies quantiques », a déclaré la Commission.
La stratégie vise cinq domaines : la recherche et l’innovation, les infrastructures quantiques, le renforcement des écosystèmes, les technologies spatiales et à double usage, et les compétences quantiques :
- L’initiative de recherche et d’innovation Quantum Europe sera un effort conjoint de l’UE et des États membres pour soutenir la recherche fondamentale et développer des applications dans des secteurs publics et industriels clés.
- Un centre de conception quantique et six lignes pilotes de puces quantiques seront mis en place, avec un financement public pouvant atteindre 50 millions d’euros, afin de transformer les prototypes scientifiques en produits manufacturables.
- Une installation pilote pour l’internet quantique européen s’appuiera sur l’accord EuroQCI qui a été signé par les 27 États membres de l’UE en 2019 pour développer une infrastructure de communication quantique couvrant l’ensemble de l’UE.
- Le réseau des pôles de compétences quantiques de l’UE sera élargi avec la création d’une Académie européenne des compétences quantiques en 2026.
- Une feuille de route pour la technologie quantique dans l’espace sera élaborée avec l’Agence spatiale européenne et contribuera à la feuille de route technologique européenne en matière d’armement.
La stratégie vise à augmenter la part du financement privé mondial que les entreprises quantiques européennes reçoivent, qui est actuellement d’environ 5 %, à stimuler la croissance des startups et des scale-ups européennes et à promouvoir l’adoption des solutions quantiques européennes par les industries européennes.
Un conseil consultatif de haut niveau réunira des scientifiques et des experts en technologie quantique européens de premier plan, y compris des lauréats européens du prix Nobel en quantique. Il fournira des conseils stratégiques indépendants sur la mise en œuvre de la stratégie Quantum Europe.
Il s’agit d’une différence par rapport à la loi CHIPS, qui a été critiquée pour son manque de contrôle stratégique.
L’un des principaux changements d’orientation de la stratégie consiste à répondre au besoin d’un plus grand nombre d’ordinateurs quantiques hybrides avec des superordinateurs dans la région. Depuis 2023, l’entreprise commune pour le calcul européen à haute performance (EuroHPC JU) a signé des accords d’hébergement avec huit sites dans l’UE pour accueillir les premiers ordinateurs quantiques européens, qui seront intégrés aux super-ordinateurs EuroHPC.
Ces nouveaux ordinateurs quantiques, basés sur une technologie européenne de pointe, seront installés en Allemagne, en Espagne, en France, en Italie, en Pologne, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en République tchèque. L’investissement total s’élève à 140 millions d’euros, dont 50 % proviennent de l’UE et 50 % de 17 des pays participant à l’EC EuroHPC.
Ces huit ordinateurs quantiques viennent s’ajouter à deux simulateurs quantiques analogiques également acquis dans le cadre de l’EC EuroHPC, installés au Très Grand Centre de Calcul en France et au Jülich Supercomputing Centre en Allemagne.
