Crise des circuits imprimés : les mesures à prendre
Cette crise, qui aujourd’hui perturbe la fabrication des composants à base de cuivre pourrait également s’étendre à d’autre matériaux critiques.
Par ailleurs, le SNESE s’étonne que cette crise, qui révèle une nouvelle fois la très forte dépendance (10% seulement des composants utilisés pour fabriquer une carte ou un système électronique sont d’origine européenne) de l’industrie française et européenne, ne soit pas mobilisatrice, autant dans l’amont de la fabrication (les fournisseurs) que dans l’aval (les secteurs clients).
LES CAUSES DE LA CRISE
En 2016, la Chine a considérablement accru ses achats de matière, cuivre, fer et pétrole. Les importations chinoises de cuivre concentré, c’est-à-dire le métal déjà transformé, qui entre dans la fabrication de nombreux composants électroniques, dont les circuits imprimés, les accumulateurs et les moteurs électriques, ont bondi 30% par rapport à 2015, dépassant 17 millions de tonnes. C’est la fin de l’année qui a été particulièrement intense, avec une hausse de 30% des importations entre novembre et décembre. Pour 2017, si les analystes annoncent que les achats chinois ne devraient pas être aussi importants, ils annoncent un autre risque : le ralentissement mondial de la production minière de cuivre.
Le cuivre électro déposé utilisé pour la fabrication de circuits imprimés est très majoritairement fabriqué en Asie, principalement en Chine. Un seul fabricant subsiste en Europe, mais propriété d’un fabricant coréen, qui impose à son usine luxembourgeoise l’approvisionnement de ses clients asiatiques. Un autre fabricant est implanté aux Etats Unis.
La forte demande chinoise (véhicules électriques, accumulateurs lithium ion, tablettes, téléphones) et l’obligation faite par le gouvernement chinois à ses industriels d’approvisionner prioritairement le marché local, crée une situation de pénurie.
Le SNESE a réalisé, du 23 au 31 janvier 2017, une enquête auprès de ses adhérents et des principaux fournisseurs de circuits imprimés, qui sont majoritairement des fabricants et négociants non européens et dans une moindre mesure les fabricants et négociants français (représentés par ACSIEL) et européens.
Cette enquête met en évidence que :
– 73% de la profession est touchée par une variation à la hausse du prix des PCB
– 61% des entreprises ont constaté une hausse de 5% à 20% des prix
– 65% de la profession a constaté une augmentation des délais de livraison
– 70% d’entre elles ont constaté une hausse du délai de livraison supérieure à 5 jours
Une augmentation de 10% du prix des PCB consomme 1,3 point de la marge des entreprises. Cette augmentation s’ajoute à l’augmentation du dollar qui ampute déjà la marge de 1,5 point, entraînant ainsi une très forte dégradation de sa rentabilité.
Alors que le délai moyen d’approvisionnement est de 4 semaines (5 semaines pour les approvisionnements en provenance d’Asie et 3 semaines pour la France et l’Europe), deux entreprises sur trois ont constaté une augmentation du délai supérieure à une semaine. Cette situation va rapidement réduire à néant les efforts développés par la profession en matière de réactivité et de productivité, des éléments clés de la coompétitivité des entreprises de sous-traitance électronique.
L’INDUSTRIE FRANCAISE SOUS DEPENDANCE
En moyenne 10% seulement des composants utilisés pour fabriquer une carte ou un système électronique sont d’origine européenne. La demande, réitérée ces dernières années par le SNESE, de définir une véritable stratégie industrielle pour la France afin d’inverser cette trop forte dépendance de nos sources d’approvisionnement trouve là tout son sens.
En 2016, les achats de circuits imprimés par les entreprises de sous-traitance électronique françaises se sont élevés à 650 millions d’euros (13% des achats totaux estimés à 3 milliards d’euros). En 2014, selon le document Etude sur les PCB par BdeB/Acsiel, la production française de PCB est estimée à 150 millions d’euros.
LES MESURES A PRENDRE
Pour faire face à cette crise qui affecte les circuits imprimés, le SNESE souhaite vivement que des mesures soient mises en place, portant sur :
– le soutien aux entreprises en réactivant le plan mis en place en 2009, sous le contrôle du médiateur du crédit, car les besoins de financement du fonds de roulement vont croître (favoriser l’accès au crédit, notamment les financements courts termes, soutenir les garanties, faire respecter les délais de paiement, aider à la prévention des difficultés, etc.),
– la possibilité pour nos entreprises de recourir au chômage partiel,
– le respect des principes de moralité dans les relations clients-fournisseurs, tels que le respect par nos fournisseurs des accusés de réception de commande,
– la mise en place d’urgence d’une véritable filière industrielle de fabrication électronique, portant notamment sur la réduction de la dépendance de l’Europe aux pays producteurs de composants.
La réduction de cette dépendance pourrait passer par le recours à des matériaux et technologies nouvelles, objectifs du programme Meredit lancé en 2012.
Le SNESE, qui a été reçu par la Direction Générale des Entreprises du Ministère de l’Economie, des Fiances et de l’Industrie s’engage à participer à des actions allant au-delà des vagues déclarations de bonnes intentions. Le SNESE a proposé à la DGE de superviser des travaux de veille et de monitoring mis en place rapidement dans la poursuite des travaux déjà menés par le SNESE comme l’enquête du mois de janvier 2017, dans le but de :
– réduire les effets de la crise actuelle,
– anticiper les effets à venir de cette crise si elle s’installait dans la durée,
– contribuer au développement des moyens qui viseraient à réduire la dépendance de l’industrie française en matière de sources d’approvisionnement des composants,
Si des travaux devaient être décidés, ils devraient impérativement associer :
– Les fabricants d’électronique : les sous-traitants et les représentant de leurs principaux secteurs clients : transport, équipements industriels, médical, etc.
– Les fournisseurs de PCB : fabricants et négociants français, européens et non européens
– Les fournisseurs de matière aux fabricants de PCB.